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Another Day in the Life, by Marcel Battin

This story was written in 1958, when the post-atomic horror genre was really febrile in Science Fiction.

Another Day In The Life
By Marcel Battin
Translated from French by A.Z. Foreman

I wanna go play with my brother, so when mom says I gotta go check the traps I say "genetic" to her and of course she smacks me like she always does when I say a bad word. But it doesn't matter cause she's not real strong anyhow and I'm used to it.
Well anyway, she's right and if I don't go check the traps we're not gonna eat and I'm gonna be hungry soon. Dad doesn't say nothing cause he hasn't been able to talk for a long time. Without mom seeing me I kick him when I pass him. He really grosses me out with his scabs and blisters that don't heal and stink when they pop. So I tell Roger to come and we go check the traps.
Turns out we got five rats, and believe me that's great. Ever since we had the idea of setting traps next to the bone mounds in the underground tunnel, we've been eating till we're full. Even Dad eats all he wants now. Cause before when we were trapping in caves and holes sometimes there was just one for everybody, and when mom wasn't looking me and Roger would chomp Dad's share. Not like it was much of a risk anyhow cause he can't talk. And oh man it was hilarious when mom shouted him out about eating too fast and eating the bones too. No wonder the sickness in his genetics never got better.
We come back to our cave and of course mom's happy with us. She says we're good kids, but not always and we should listen more. We don't say nothing. Looks like we're really gonna stuff ourselves. We skin the rats and can't stop laughing at how dad's eyes boink out of his head watching us do it. He eats a whole one and we crack up seeing him jump around on the ground, which means he wants some more. Mom gives him another half of one, but says that's all. 
After that it's playtime, so me and Roger go down into the underground tunnel. We see who can walk fastest on the metal strips. At one point Roger's foot touches ground. He thinks I didn't see it but I did, so I won. Then we run some and go inside the machine. 
It's there on the metal strips, balancing on the round things. When we found it we wanted to live there but mom didn't wanna cause of the air flow. Me and Roger go inside and sit on the benches and sleep some. I jump awake when I hear Roger crying cause a rat bit his hand. I squeeze the wound to bleed it, without paying attention to my brother's yelling, and I spit on it like mom taught us to do. 
Then we come out of the tunnel and play hide and seek, but not far cause there are so many hiding places we might not find each other and that wouldn't be funny.
When we're done we go to the Tower. Roger climbs a lot slower than me so I give him a head start but that doesn't matter cause I still get to the deck a while before him. From up there you can look real far and it's always just as pretty I think. Just a bunch of holes and humps and huge heaps of rock all jumbled every which way. I look at the big ditch too. Mom said it used to be a river. I'd really like to see a river someday. Then we go down the broken side of the Tower that touches the ground pretty far from there. 
Me and Roger are covered with red dust, so we go take a bath in a water hole and dry ourselves in the sun. Before we go back we check the traps we have in another part of the underground tunnel pretty close to the Tower (the Eyeful Tower or at least that's what mom calls it.)
We got three more rats.
When we come back mom's all crying. Dad's stopped moving, and his eyes are open and all covered with flies. Well seeing as how she isn't much good for anything when she's crying like that, which happens a lot, we wrap dad up in some old rags and start carrying him. It sorta pisses us off to carry him all the way to the tunnel, cause we're tired, but if we leave him here he's gonna stink the place up so bad we can't take it, and then mom's gonna yell about how we didn't bury him and all the evil that's gonna bring. 
It's almost night when we come back and we figure with bait like that in the metro tunnel, there are gonna be rats everywhere. Me and Roger are gonna have to make some more traps tomorrow. We tell mom we definitely buried him and that we said some prayers over him. 
After we've had dinner we kneel for prayer time, and then we go to bed and sleep.  

Un Jour Comme Un Autre

Moi je veux aller jouer avec mon frère, alors quand maman me dit d'aller voir les pièges je lui dis « génétique » et naturellement, comme chaque fois que je dis un gros mot, je reçois une gifle. Mais ça fait rien elle a pas de force et puis j'ai l'habitude.
Dans le fond maman elle a pas tort, et si je vais pas aux pièges on mangera pas et moi je sens que j'aurai bientôt faim. Papa y dit rien parce qu'il peut plus parler depuis longtemps. Sans que maman me voye j'y donne un coup de pied en passant. Y me dégoûte avec ses croûtes et ses cloques qui guérissent pas et qui puent quand elles crèvent. Alors, je dis à Rogé de venir et on va aux pièges.
Cinq rats qu'on relève et je vous assure que c'est beau ; depuis qu'on a eu l'idée de piéger à côté des montagnes d'os qu'il y a dans le tunnel souterrain, on mange à notre faim. Même que papa y mange maintenant son entier, parce qu'avant, quand on piégeait dans les caves ou dans les trous, des fois y en avait qu'un pour tout le monde, et quand maman regardait pas, avec Rogé on lui fauchait sa part à papa. On risquait rien puisque y parle pas, et qu'est-ce qu'on se marrait quand maman l'engueulait qu'y bouffait trop vite et les os avec, que c'était pas étonnant qu'il guérisse pas de sa génétique de maladie.
Quand on revient dans notre cave maman est contente vous pensez, on est des bons garçons qu'elle dit mais pas toujours, qu'on devrait être plus obéissants. Nous on dit rien, on pense qu'on va s'en mettre jusque-là et on dépiaute les rats en rigolant parce que les yeux de papa y lui sortent de la tête en nous regardant faire. Il en mange un entier et nous on se tient les côtes en voyant les sauts qu'y fait par terre, ça veut dire qu'il en veut encore. Maman lui en donne encore la moitié d'un mais pas plus qu'elle dit.
Après avec Rogé on s'en va jouer et on descend dans le tunnel souterrain. On joue à celui qui marchera le plus vite sur les tiges de fer. Au bout d'un moment Rogé met un pied par terre y croit que je l'ai pas vu mais je l'ai vu, alors j'ai gagné. Alors on court un peu et on monte dans la machine.
Elle est posée sur les tiges de fer, en équilibre sur des choses rondes. Nous quand on l'a trouvée on voulait y habiter, mais maman a pas voulu à cause des courants d'air. “Avec Rogé on rentre dedans et on s’assoit sur les bancs et on dort un peu. Moi je me réveille en sursaut et c'est Rogé qui a crié parce qu'un rat l'avait mordu à la main. Je presse la plaie pour le faire saigner, sans m'occuper des hurlements de mon frère, et je crache dessus comme maman nous a dit de le faire.
Après on sort du tunnel et on joue à se cacher mais pas loin, y a tellement de cachettes qu'on se trouverait pas et ça serait pas drôle.
Quand on en a assez on va à la Tour. Rogé grimpe bien moins vite que moi alors je lui laisse prendre de l'avance mais ça fait rien, j'arrive sur la plate-forme un bon moment avant lui. De là-haut on regarde et moi je trouve que c'est toujours aussi beau. Rien que des trous et des bosses, avec d'énormes tas de pierres empilées n'importe comment. Je regarde aussi le grand fossé. Maman nous a dit qu'autrefois c'était un fleuve, et moi je voudrais bien en voir un, de fleuve. Et puis on redescend par le côté cassé de la Tour, qui rejoint le sol à une bonne distance de là.
Moi et Rogé on est plein de poussière rouge, alors on va se laver dans un trou d'eau et on se laisse sécher au soleil. Avant de rentrer on va voir les pièges qu'on a à un autre endroit du tunnel souterrain, pas loin de la Tour (la Tourèfèle, comme maman elle l'appelle).
Et trois rats de plus qu'on relève.
Quand on rentre y a maman qui pleure et papa qui bouge plus avec les yeux ouverts et plein de mouches dessus. Comme elle est bonne à rien quand elle pleure et ça lui arrive souvent, on attrape papa avec des vieux chiffons et on le monte.
Ça nous embête de le traîner jusqu'au tunnel, parce qu'on est fatigués, mais si on le laisse là il va encore plus puer et on va plus pouvoir y tenir, et maman elle gueulera qu'on l'a pas enterré et que ça nous portera malheur.
Y fait presque nuit quand on revient et on se dit qu'avec un appât pareil dans le tunnel du métro, les rats y vont s'amener de partout. Avec Rogé demain y va falloir qu'on fabrique quelques pièges de plus. À maman on dit bien sûr qu'on l'a enterré et qu'on a mis des pierre dessus.
Quand on a mangé on se met à genoux pour la prière, et puis on se couche et on dort.

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